Construction du filtre
Technologie
Il est apparu particulièrement opportun de s’appuyer sur l’infrastructure qui va être réalisée pour y implanter un prototype de dépollution des eaux de ruissellement visant à démontrer la possibilité de traiter la pollution particulaire et dissoute. La liste des polluants considérés est relativement large, incluant les macropolluants (matières en suspension) mais également les micropolluants : métaux, hydrocarbures et autres substances toxiques pour l'environnement (phtalates, alkylphénols, composés perfluorés, etc). La pollution dissoute s’avère en effet insuffisamment retenue dans les systèmes classiques de dépollution des eaux pluviales.
S’appuyant sur l'ingénierie écologique (IE), le prototype Life Adsorb combine « techniques grises » et « techniques vertes ». Il inclut un stockage des eaux à traiter dans les infrastructures d’assainissement déjà existantes. Le traitement des eaux se fait par une solution fondée sur la nature à travers un ouvrage de rétention/dépollution naturelle : le filtre planté de roseaux à écoulement vertical semi-saturé. L’action mécanique de filtration des polluants particulaires est couplée à une action d’adsorption des micropolluants dissous par une couche de matériaux adsorbant (d’où le nom « Life Adsorb »), associée à une biodégradation naturelle de ces substances. Les eaux épurées seront drainées en fond de filtre puis rejetées vers la rivière artificielle adjacente au filtre avant de rejoindre le milieu naturel aquatique, ici, la Seine.
La végétation contribue d’une part à une meilleure efficacité et une plus grande durée de vie du filtre (limitation du colmatage, support de développement de la biomasse microbienne), d’autre part elle contribue à la restauration de la biodiversité et à l’amélioration du cadre de vie. Dans les pays anglo-saxons, où ce type d'ouvrage est déjà largement diffusé, des recherches ont porté sur leur efficacité vis-à-vis des métaux et des nutriments. Cependant le comportement des micropolluants organiques dans ces ouvrages reste encore assez peu documenté. Le devenir des contaminants sur le long terme (accumulation, dégradation, relargages possibles), et le rôle de la flore microbienne, présentent ainsi de réels enjeux pour les gestionnaires. La rétention de la phase dissoute des micropolluants est généralement moins efficace que celle de la phase particulaire maintenant des concentrations élevées en sortie d’ouvrage pour certains micropolluants comme le bisphenol-A, les alkylphénols et les phtalates . En outre le transport des éléments traces métalliques dissous semble être facilité par leur association avec le carbone organique dissous, les exposant ainsi au risque de lixiviation.
Le filtre planté de roseaux est un procédé d’épuration initialement conçu pour le traitement des eaux usées domestiques, aujourd’hui de plus en plus utilisé pour traiter les eaux de pluie. Il consiste à infiltrer des eaux au travers d’un massif constitué de sable et de gravier dans lequel des bactéries se développent. Les matières solides séparées de l’eau par filtration. Les polluants dissous sont traités biologiquement, par des bactéries et absorbés par le matériau spécifique (un géotextile) dans le filtre F2.
Les roseaux, "Phragmites australis", sont des végétaux aquatiques qui aident à la dépollution en créant un environnement favorable au traitement des eaux. Leur système racinaire :
Les deux filtres suivent un mode de fonctionnement que l’on qualifie de saturé, avec la mise en charge de ces derniers par régulation du débit de fuite. La stratégie d’alimentation consiste en deux phases:
Le filtre est séparé en deux filtres utilisés en alternance pour respecter des temps de repos. Néanmoins en cas de forte pluie afin de limiter les durées de saturation le filtre adjacent peut-être sollicité. C’est pourquoi il existe plusieurs modes de gestion et de pompage :
Afin d’assurer le suivi de la qualité de l’eau, plusieurs préleveurs ont été installés aux différentes étapes du cheminement des eaux. Pour rappel, les eaux pluviales du boulevard périphérique transitent dans le déversoir d’orage Bugeaud jusqu’à une station de stockage. Ces dernières sont ensuite envoyées par des pompes vers le filtre planté de roseaux pour le traverser et être dépolluées. Les eaux dépolluées rejoignent ensuite la rivière qui alimente ensuite la mare saint James. Le trop-plein de la mare est dirigé vers le déversoir d’orage tandis que les eaux dépolluées rejoignent la Seine.
Les préleveurs permettent d’obtenir des échantillons d’eau qui sont collectés par nos équipes. Ces dernières les transportent jusqu’au laboratoire de nos partenaires pour y être analysés